les écritures
Je n'ai lu que des extraits des 4 Veda, (Rig, Sama, Yajur,
Atharva), qui au sens propre signifie connaissance. Cette connaissance sacrée
a été transmise par Lord Brahma à ses fils puis au
premier des patriarches de l'espèce humaine, Manu. Historiquement
ils ont été composés en partie avant et juste après
l'invasion de la plaine du Ganges par les Aryens au milieu du 2eme millénaire
avant le Christ. Le Rig Veda est un ensemble imposant de prières
(au moins 1000) en vers aux différents dieux ancestraux: pour une
grande part à Agni, Indra, Varuna, Mitra (l'"Ami"), Surya.
Rappelons que chacun d'entre eux ne faisait pas partie d'un panthéon
polythéiste mais diverses personnalisations successives du Tout Puissant.
Comme celui de bien d'autres mots que j'ai employés jusqu'à
présent dans ce texte, le mot deva (celui qui donne) est si vague
qu'il s'applique aussi bien aux parents, au guru et même à
l'invité. Chacun des poèmes dévotionnels du Rig Veda
a un contenu philosophique, s'étonnant sur la beauté de la
Nature, s'interrogeant sur le sens de la Création et le rôle
de l'homme dans tout cela. Ils sont encore récités de nos
jours, en particulier la Gayatri au cours d e la prière (puja) matinale
en faisant face au soleil levant puisqu'elle s'adresse à Savitri
(Surya):
Om bhur bhuvah svah
tat savitur vare?ya?
bhargo devasya dhimahi
dhiyo yo nah pracodayat
Le premier vers peut se lire: Vérité Suprême source de la terre, l'air et la lumière ou de la matière, l'énergie et l'esprit. Puis: Adorable Savitri, puisse ma prière m'aider à m'élever vers ta splendeur divine.
Les Sama et Ayur Veda sont des collections de texte liturgiques
en vers et en prose, écrits pour les cérémonies et
au contenu philosophique moindre et l'Atharva Veda est plus tardif (datant
de l'installation en Inde et l'assimilation des dieux locaux). Chacun des
Veda comprend outre les Mantras des préceptes (Brahmanas) et des
analyses philosophiques (Upanishads). Cependant les 15 principaux Upanishads
ont été écrits ultérieurement entre 1000 et
500 avant Jésus Christ. Je ne suis pas un spécialiste des
écritures mais tout le monde s'accorde sur le fait qu'ils contiennent
l'essentiel de la philosophie dont je vous ai fait part. Étant écrits
en sanscrit, langage concis à la grammaire complexe, où l'ordre
même des mots n'est pas celui qui vient à l'esprit en hindi,
les auteurs modernes proposent de chaque shloka plusieurs interprétations
possibles (mais jamais contradictoires).
Le Mahaabhaarata ne constitue en aucun cas une œuvre religieuse et est
même proscrit dans la bibliothèque de tout Hindou un peu superstitieux
car il comporte trop de scènes de violence. Cependant une vraie mine
d'or sur le plan de l'analyse de la condition humaine et l'écrin
d'un joyaux: le Bhaagavad Gitaa. C'est une œuvre gigantesque de 100000
shlokas, une épopée fascinante sur laquelle viennent se greffer
de multiples fables annexes et de longues discussions philosophiques. Si
vous n'avez pas le temps de lire le texte intégral de cette épopée
ni celui du Ramayana, je vous conseille leur version réécrite
en 100-200 pages par le grand auteur de nouvelles R.K. Narayan
Le Bhaagavad Gitaa a t'il été inséré après
coup ou conçu par les mêmes auteurs comme le point d'orgue
du chef d'œuvre? On ne le saura jamais mais le Gitaa est chanté
par Lord Krshna à Arjun sur le champs de bataille de Kurukshetra
et, si il n'en garderait pas moins toute sa valeur spirituelle et son caractère
lyrique, il perdrait sans aucun doute une partie de son message si les 2
premiers et dernier chapitres ne consistaient pas en un sermon pour ragaillardir
le héro (Arjun). Le Gitaa est le livre de chevet de l'Hindou un peu
instruit si le Ramayana est l'œuvre préférée des masses.
Vous aurez compris que c'est mon oeuvre préférée par
le nombre de citations, sans doute pour son lyrisme mais aussi parce que
c'est le texte à caractère philosophique le plus abordable
lorsque l'on ne possède pas les subtilités du sanskrit. Le
message est clair contrairement à celui des Upanishad dont chaque
vers fait l'objet d'interprétations multiples de la part des lettrés.
Et pourtant, Figurez vous qu'Arjun prétendit quelques temps après
la bataille de Kurukshetra avoir oublié le contenu de la leçon!
Lord Krishna, un peu découragé, se refusa à lui répéter
le même exposé, mais connaissant la capacité limitée
de l'esprit humain (ou puis je dire hindustani sans me faire lyncher) lui
énonça un discours à propos des philosophies sankhia
et vedanta.
Le Raamyana n'est pas à mon opinion une oeuvre religieuse, même
si il raconte les pérégrinations de Lord Raama (c'est la signification
du titre). J'en donnerai un résumé dan le paragraphe suivant.
Si il est tant apprécié et sa lecture recommandée "en
neuf jours du 5eme au 13eme à partir de la nouvelle lune des trois
mois de Caitra, Magha ou Kartika " selon mon édition (et surtout
pour les femmes enceintes d'après ce que j'ai pu juger parmi mes
proches), je vous défie de le lire dans ces temps ou alors sans y
penser. Moi j'aime bien m'arrêter et relire certains passages. Notamment
le vrai début de l'histoire au chant 3, qui commence à peu
près ainsi (je préfère le dire de mémoire):
Dans la belle cité d'Ayodhya (située dans le Nord de l'Inde,
près de la frontière avec le Népal) les gens disaient
toujours la Vérité, n'étaient pas affligés d'avidité
et étaient satisfaits de leur sort. Le chant 2 nous raconte comment
Valmikhi, l'auteur, méditant au bord d'une rivière voit un
chasseur tuer une grue et, devenu morose, compose le premier vers de l'histoire
de la littérature à propos du sort malheureux de cet oiseau.
Sur ce, Lord Brahma lui dit shabash fils, te voila armé pour conter
l'histoire de Raama. Si cette histoire est toute morale (à commencer
par la citation sur Ayodhya) et si l'on ne peut que croire à tout
ce qui nous est raconté parce que Valmiki, malgré tout son
talent, ne peut avoir inventé cela, ce texte magnifique ne contient
pas une seule dissertation philosophique. Rabidranath Tagore, grand poète
et sage du début du 20eme siècle était encore moins
crédule que moi, considérant que le Ramayana est le plus beau
conte de fée jamais raconté. Mais n'allez pas le dire à
certains de mes amis, en dépit du caractère pacifique proverbial
des Indiens (Ahimsa oblige). Bah, tant pis pour moi si conformément
au précepte de Lord Raama j'ai dit ce que je pensais être la
vérité.
Les Purana sont des textes en vers plus tardifs (premiers siècles
après Jésus Christ), racontant chacun les faits et gestes
d'un dieu particulier, devrais je dire au cours de cette création
ou de toutes les autres. Ce n'est parfois pas très clair en raison
sans doute des renaissances. Ils exposent la création, les lois régissant
le fonctionnement de l'Univers (Sankhia, Vedanta, gunas...), les mythes
concernant les activités des dieux et des patriarches (Manus) selon
un angle particulier mettant en valeur la primauté de Vishnu, Shiva
ou autre dieu. Pour rester impartial je ne vous en conseillerai aucun en
particulier.
Investie pendant un certain temps d'une enveloppe charnelle pour jouir de la création de Dieu, notre âme doit apprendre à s'en affranchir par le détachement et la méditation pour retrouver sa vraie nature. Si elle n'y parvient elle n'est pas prête à la libération consistant en une communion totale avec Dieu et subira le sort qu'elle a elle même choisi: la renaissance sous une forme correspondant à ses aspirations.